Le torrent de la Combaz est un affluent de l’Isère en Combe de Savoie qui s’écoule sur le territoire de la commune de Notre-Dame-des-Millères. Ce torrent prend sa source dans le massif du Grand Arc. Il dévale le versant à forte pente avant de rejoindre la plaine de l’Isère où il s’écoule avec une pente beaucoup plus faible.
Lors des crues, la forte pente du torrent lui permet de charrier d’importantes quantités de matériaux solides (sables, graviers, galets). La brusque rupture de pente entre le versant du Grand Arc et la plaine de l’Isère diminue fortement la capacité de transport de la Combaz. Ainsi les matériaux solides transportés par le torrent s’arrêtent et se déposent à la rupture de pente.
Ces dépôts de matériaux génèrent des risques d’inondation et sont donc problématiques pour les enjeux urbanisés de la Commune de Notre-Dame-des-Millières. De plus, ces dépôts récurrents conduisent à une configuration dite de « lit perché » qui est peu favorable aux milieux aquatiques et à la vie piscicole.
Les travaux d’aménagement du torrent de la Combaz comportent deux objectifs indissociables que sont la gestion du risque d’inondation et la restauration des milieux.
› Un peu d’histoire
Le torrent de la Combaz se développe dans l’une des ravines du versant Nord du massif du Grand Arc, sous le sommet de la Dent du Corbeau. Lors des crues, la forte pente permet au torrent d’éroder le versant et de transporter des matériaux solides (sables, graviers, galets).
Ces matériaux charriés par le torrent se déposent à la sortie des gorges, à la rupture de pente entre le versant montagneux et la plaine post glaciaire de l’Isère. A l’échelle des temps géologiques c’est ce processus qui a formé le cône de déjection du torrent.
Dans la plaine, à l’état naturel avant son endiguement, l’Isère s’écoule dans un lit en tresse qui balaye au gré des crues, toute la largeur de la vallée. De fait, les divagations de l’Isère viennent saper plus ou moins régulièrement les parties inférieures du cône de déjection du torrent et dispersent ainsi dans la plaine alluviale une grande partie des matériaux apportés par les torrents affluents.
L’endiguement de l’Isère au XIXème siècle a inévitablement mis un terme définitif à ce fonctionnement ce qui a entrainé une évolution progressive mais importante du lit du torrent de la Combaz à son débouché dans la plaine de l’Isère.
En effet, le lit de l’Isère après endiguement est situé à plus de 600m du pied du versant. L’Isère ne vient donc plus saper le cône de déjection de la Combaz et les matériaux du torrent ne sont donc plus repris. Le fonctionnement du torrent n’est lui pas modifié. Il continue, années après années, d’apporter des matériaux solides et la totalité de ces apports ne peut que se déposer en masse, sans possibilité aucune de parvenir à l’Isère.
Les dépôts de matériaux conduisent à l’occasion des crues du torrent au déplacement du lit de la Combaz. La conservation d’un lit fixe pour le torrent passe alors inévitablement par des curages fréquents, réalisés de « main d’homme ». La mise en dépôt des matériaux curés à proximité du lit (dépôt dit « en cavalier ») et faute de pouvoir les transporter sur de grandes distances vu les moyens de l’époque, a conduit progressivement mais inexorablement au perchement du lit du torrent au-dessus des terrains riverains.
› Etat des lieux avant aménagement
Le processus de perchement du torrent de la Combaz, débute précisément au droit du passage de la route départementale RD925. Avant les travaux d’aménagement le torrent s’élève progressivement au-dessus des terrains, et s’écoule au plus haut, à plus de 4 m au-dessus de la plaine.
Ce perchement du torrent s’accompagne d’une brutale réduction de la pente qui passe au droit du pont de la RD925 de 8% à 3%. Cette réduction de la pente se traduit par une tendance au dépôt des matériaux transportés par la Combaz, ce qui menace la zone d’habitat historique située en bordure du cours d’eau. Lors de la crue du 1er mai 2015 (voir photos ci-dessous), le lit du torrent s’est totalement comblé par les dépôts de matériaux ce qui a entrainé des débordements généralisés sur les zones habitées à proximité du pont.
Indépendamment de la rupture de pente, d’un point de vu de la gestion des risques d’inondation, le perchement du torrent constitue une situation très problématique :
- Le cours d’eau est maintenu dans son lit perché par des « digues ». Ces digues sont instables de par la nature des matériaux les constituant et du fait leur inclinaison élevée. Le risque de brèche dans ces digues est donc élevé.
- En cas de brèche c’est la totalité des eaux du torrent qui s’échappe du lit perché. Compte tenu de la hauteur du perchement les écoulements débordés sont très rapides et disposent d’un fort potentiel de dommage.
En ce qui concerne les milieux aquatiques, le lit du torrent de la Combaz est extrêmement banalisé :
- Le lit se présente sous la forme d’un chenal unique, l’écoulement est très homogène et la hauteur d’eau très faible en période d’étiage ;
- Les berges sont abruptes et ne présentent qu’une faible connexion avec la partie en eau ;
- Le lit est le siège de dépôts récurrents de matériaux qui se répartissent sur tout le linéaire et impliquent des interventions humaines régulières d’entretien sur des longueurs importantes.
› Principe d’aménagement
La configuration avant travaux est préjudiciable tant pour la sécurité publique que pour la qualité écologique des milieux. L’aménagement projeté doit permettre de gérer les dépôts de matériaux et de supprimer le lit perché du torrent.
Pour ce faire il est nécessaire de « dépercher » le torrent de la Combaz. Le déperchement du torrent conduit à « ré-encastrer » lit du ruisseau dans le cône de déjection et à déplacer vers l’aval la zone de rupture de pente. Ce déplacement de la rupture de pente vers l’aval permet d’éviter que les dépôts se produisent au sein de la zone urbanisée et de cantonner l’entretien à un secteur bien précis.
La partie aval du cours d’eau peut ainsi être complétement renaturée, avec un lit d’étiage bien marqué, une végétation aquatique rivulaire étagée et la création de débordements vers une zone humide située à l’aval du secteur.
De façon schématique, le nouveau lit du torrent de la Combaz en aval du pont de la RD925 se décompose en 3 tronçons distincts :
- Tronçon n° 1 : tronçon à forte pente pour assurer le transit des sédiments ;
- Tronçon n°2 : zone de rupture de pente qui permet de créer la plage de dépôts ;
- Tronçon n°3 : zone à faible pente qui se raccorde au lit en aval de la zone de travaux
› Phase chantier
Compte tenu de synergies techniques l’aménagement du torrent de la Combaz est couplé à la réalisation d’une aire de grand passage des gens du voyage, opération qui elle est réalisée sous maitrise d’ouvrage de la Communauté d’Agglomération Arlysère.
Organisation
- Maître d’ouvrage : SISARC
- Maître d’oeuvre : Hydrétudes Alpes du Nord
- Groupement d’entreprises de travaux : FOREZIENNE (mandataire), TCHASSAGNE
Montant des travaux
- 2 303 732.95 € TTC
Financement
Les partenaires financiers de l’opération sont les suivants :
- Etat : 747 000 €
- Agence de l’Eau : 440 880 €