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Les digues

La chenalisation du lit de l’Isère par les digues constitue le point de départ de l’aménagement de la Combe de Savoie.

La plaine s’est progressivement structurée autour du lit endigué et la tenue de ces ouvrages de protection constitue l’un des maillons clés de la gestion du risque d’inondation.

› Rappel historique

Le chantier d’endiguement démarre en 1824 et les travaux principaux s’étaleront sur plus de 30 années. Les digues n’ont pas été érigées en une seule fois et elles n’ont atteint que très progressivement leurs caractéristiques actuelles.

En effet, compte tenu des connaissances et des moyens de l’époque, la conduite de telles opérations s’accompagne obligatoirement d’une certaine forme d’empirisme.

Digues_Sardes

L’endiguement de l’Isère et de l’Arc ne visait pas simplement à limiter l’expansion des eaux en crue sur une partie de la plaine, mais de manière plus fondamentale, d’inscrire l’Arc et l’Isère dans un lit fixe présentant une capacité maximale afin de pouvoir valoriser au mieux l’ensemble de la vallée. Dès lors, l’opération se devait d’être conduite de manière continue et systématique sur l’ensemble du territoire d’une extrémité à l’autre, sans pouvoir souffrir la moindre discontinuité.

L’opération représentait donc un défi humain et financier, mais également un défi technique si l’on considère :

  • d’une part les incertitudes, vu les connaissances de l’époque, sur les évolutions qu’allait connaitre le lit endigué : allait il se creuser naturellement à la faveur du confinement des eaux, ou au contraire s’exhausser ?
  • et d’autre part l’ingéniosité dont il fallut faire preuve pour gérer la confluence avec le Gelon : celui-ci initialement affluent de l’Arc s’est vu privé de l’accès à son exutoire par l’endiguement. Un tunnel sous la colline de Chamousset a du être creusé, afin de lui trouver désormais un exutoire dans l’Isère bien en aval de la confluence de l’Arc

En ce qui concerne le tracé, les ingénieurs sardes ont privilégié de longs alignements droits afin de réduire le linéaire des ouvrages. Ce parti pris a une conséquence très importante sur la partie médiane de la Combe où le lit endigué recoupe à mi-hauteur le cône de déjection de l’Arc. De fait le lit endigué n’est pas situé au point bas de la plaine, localisé-lui au pied du versant des Bauges, sur la commune de Fréterive.

Endiguement

Les digues ont aujourd’hui entre 150 et 200 ans et leur histoire est donc déjà très longue. Sur cette durée, elles ont fait l’objet d’une gestion assez inégale.

La gestion des digues a notamment été minimaliste durant la seconde moitié du 20e siècle et de nombreux facteurs ont conduit à l’affaiblissement de ces ouvrages de protection.

En l’absence d’entretien, une végétation ligneuse s’est progressivement développée avec des sujets de taille de plus en plus grande et ceci tout particulièrement sur les tronçons qui supportent les actuelles RD 1090 et 1006.

Sur cette même période, le lit s’est incisé suite aux curages réalisés jusqu’en 1980. Puis à partir de 1990, le lit de l’Isère opère une profonde métamorphose avec le développement d’atterrissements végétalisés de très grande dimension.

En Bref…


» Le chantier d’endiguement réalisé entre 1823 et 1854 constituait un immense défi technique.

» Les digues maintenant âgées de plus de 150ans, ont fait l’objet d’une surveillance attentive jusqu’au milieu du 20e siècle.

» A partir de 1950, un entretien minimaliste des digues, combiné aux évolutions du lit de l’Isère et au développement des gravières ont conduit à affaiblir ces ouvrages de protection

Finalement, des gravières sont autorisées en arrière des digues. Celles-ci ont parfois été implantées en arrière proche, voire immédiat des digues, sans véritable analyse technique des conséquences potentielles sur la sécurité des digues.

Gravières_Francin

› L’état actuel des ouvrages

La reprise en main du système d’endiguement qui s’opère depuis 2005 a notamment permis de disposer d’un diagnostic sur l’état actuel des ouvrages.

L’état des connaissances des digues de la Combe de Savoie peut-être résumé en 7 points.

  1. Historiquement, c’est la tenue de la protection en enrochements qui constitue le point le plus important de la sécurité des digues. Cette protection a remarquablement bien résisté aux agressions importantes liées aux évolutions du lit, mais la résilience du système a sans doute été dépassée : cette protection est le siège de mouvements lents qui vont se poursuivre, induisant un affaiblissement progressif des ouvrages.
  2. La végétation implantée sur les digues est très pénalisante pour la tenue des enrochements du fait de la taille importante atteinte par les arbres.
  3. Les atterrissements végétalisés se comportent comme des épis déflecteurs renvoyant le courant perpendiculairement aux digues. Ce phénomène est extrêmement pénalisant pour les ouvrages en raison des profondes fosses d’affouillements qu’il génère. A défaut de travaux de restauration du lit de l’Isère (arasement des atterrissements), le système d’endiguement de la Combe de Savoie deviendra ingérable à terme.
  4. Les érosions internes (renards hydrauliques) ne constituent pas le problème majeur des digues mais, une vigilance s’impose toutefois, le vieillissement des ouvrages induisant sans doute une sensibilité croissante à ces phénomènes. Ce constat n’est pas valable au droit des gravières.
  5. L’implantation de certaines gravières en arrière immédiat des digues affaiblit fortement ces dernières. Les conséquences sont très lourdes, aussi bien en termes de scénarii d’endommagement que de coût de travaux de sécurisation.
  6. L’obturation de certains ouvrages traversants n’a pas été réalisée correctement et doit être expertisée dès que possible.
  7. Le système d’endiguement de la Combe de Savoie n’est pour l’instant pas conçu pour gérer les surverses ou les érosions du talus coté plaine. Même si jusqu’à présent l’expérience a montré qu’il a bien supporté des surverses limitées, il s’agit là d’une lacune conceptuelle notable.

› Les actions correctives

La recherche de l’excellence en terme de sécurité des digues, appliquée à des ouvrages aussi anciennes que celles de l’Isère et de l’Arc en Combe de Savoie pourrait très rapidement justifier des travaux de confortement systématiques sur l’ensemble du linéaire, ce qui représenterait des investissements absolument considérables, sans doute voisins de 80 M€ !

Ces premiers éléments de projection financière montrent à quel point la gestion des digues doit s’inscrire dans la durée et doit faire l’objet d’une approche pragmatique : il est essentiel de dégager les priorités.

Dans le cadre du PAPI n°1 de la Combe de Savoie, les actions les plus urgentes et les plus élémentaires ont été réalisées par le S.I.S.A.R.C en relation avec l’Etat.

En Bref…


» L’état actuel des digues et les évolutions prévisibles qui s’opéreront si rien n’est fait, sont maintenant solidement diagnostiqués.

» L’application des règles de l’art actuelles sur des ouvrages aussi anciens, pourrait très rapidement justifier des travaux de confortement systématiques. Cela représenterait des investissements considérables.

» Une approche pragmatique permettant de dégager les priorités est nécessaire pour bâtir une  gestion réaliste de ce système d’endiguement.

Le plan décennal de restauration des digues 2008-2018

Le diagnostic des digues conduit le S.I.S.A.R.C. à adopter dès sa création en 2007 un plan décennal de restauration des digues.

Concrètement, les travaux consistent d’une part à recéper la végétation présente sur les ouvrages et d’autre part à conforter localement les protections en enrochement les plus menacés.

Les travaux sont planifiés annuellement et concernent les tronçons que la surveillance régulière des ouvrages conduit à considérer comme prioritaires. Ces travaux forestiers sont réalisés en période hivernale et sur des linéaires discontinus, ceci afin de minimiser l’impact sur le milieu naturel.

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Les réparations de digues déjà réalisées

Des travaux d’amélioration et de renforcement structurel ont d’ores et déjà été réalisés :

  • les travaux de renforcement-surélévation de la digue rive gauche de l’Isère protégeant les communes de Bourgneuf et Chamousset.

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  •  la réparation de la digue en rive gauche à l’aval du Pont de Gilly-sur-Isère, et en rive droite dans la courbe de Tournon.

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  • l’épaississement des digues dans deux zones où elles étaient trop minces a pu être réalisé de manière opportuniste, en lien avec les travaux d’arasement des atterrissements dans le lit de l’Isère (épaississement en rive gauche au droit du pont de Gilly en 2008, et en rive gauche dans la courbe de Tournon en 2009).

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Les travaux sur les digues planifiés dans le PAPI 2

Des actions encore plus importantes sont programmées dans le cadre du PAPI n° 2 dont la réalisation va s’étaler de 2014 à 2018 environ avec plus de 10M€ HT de travaux et d’études.

Ce programme d’action repose sur l’actualisation du diagnostic des digues réalisée en 2013 par le S.I.S.A.R.C. Cette étude a permis de hiérarchiser les travaux et les actions à mettre en œuvre qui vont concerner 11 tronçons prioritaires.

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