Les communes de Bourgneuf et de Chamousset représente la principale poche d’habitat située dans la plaine de la Combe de Savoie.
Afin de réduire l’exposition aux inondations de ces deux communes, la surélévation et l’épaississement de la digue située en rive gauche de l’Isère en aval du Pont Royal ont été nécessaire.
› Le risque d’inondation avant travaux
Les études hydrauliques réalisées avaient mis en évidence d’importants risques d’inondation de la plaine de Bourgneuf et Chamousset en condition de crue centennale de l’Isère. Le fonctionnement hydraulique de la zone est complexe du fait des interactions entre l’Isère et son affluent le Gelon.
Historique
Initialement le Gelon était affluent de l’Arc. L’endiguement de l’Arc réalisé vers 1840 n’apporta pas les effets escomptés pour les terrains riverains en rive gauche dans la mesure où, plusieurs fois par an lors des hautes eaux, l’Arc refoulait dans le lit du Gelon et inondait la plaine de Bourgneuf et Chamousset.
Vers 1850, le creusement du tunnel du Gelon sous la colline de Chamousset a donc été entrepris afin ce petit cours d’eau rejoigne l’Isère le plus en aval possible.
Cette disposition ne supprime pas le phénomène de refoulement dans le Gelon, mais ils affectent désormais essentiellement la mince bande de terrains entre la digue rive gauche de l’Isère et la colline de Chamousset.
Hydraulique
Le refoulement de l’Isère dans le Gelon ne devient problématique à partir de crues exceptionnelles. Pour ces crues ce phénomène entraine de graves inondations de la plaine de Bourgneuf et Chamousset. L’inondation ne se produit que lorsque l’Isère surverse au-dessus de sa digue rive gauche en aval du pont Royal, ce qui n’intervient que pour un débit de l’ordre de 1100 m3/s. Un tel débit correspond à une crue de période de retour comprise entre 30 ans et 40 ans.
Les flux de surverse sur la digue rive gauche remplissent tout l’espace compris entre la digue et l’autoroute et les eaux « bloquent » l’écoulement du Gelon.
Les ouvrages permettant le franchissement du Gelon sous l’A43 puis sous la colline de Chamousset sont de grandes dimensions, de sorte que les niveaux de part et d’autre du tunnel tendent à s’équilibrer par un « jeu de vases communicants ».
Autrement dit le niveau d’eau atteint dans la plaine de Chamousset et Bourgneuf est fixé par la cote de l’eau s’écoulant dans l’Isère.
Ainsi, en crue centennale, l’Isère atteint la cote 290,75m en aval du pont Royal, ce qui représente une surverse de 1 m au-dessus du sommet de la digue (avant travaux).
Cette altitude se reporte donc dans la plaine de Bourgneuf et Chamousset où les hauteurs d’eau sont assez considérables puisque même la voie ferrée serait submergée.
A titre d’exemple :
- le parking de la mairie de Chamousset est à la cote 288,8m (soit 2 m de hauteur d’eau).
- la place de l’église de Bourgneuf est à la cote 290,6m
- la voie ferrée en face du restaurant « Chez Christin » est à la cote 290,6m
- certaines habitations en bordure du Gelon à proximité du tunnel ont leur rez-de-chaussée calé à la cote 288m environ (soit 2,75 m d’eau).
› La solution adoptée
En complément des travaux de restauration du lit de l’Isère en aval du pont Royal, le renforcement et le rehaussement de la digue rive gauche de l’Isère était nécessaire pour réduire l’exposition aux risques des zones urbanisées de Bourgneuf et Chamousset. Les travaux ont été réalisés entre 2010 et 2012.
En aval de la voie ferrée et sur une longueur de 700 m, le renforcement de la digue a été réalisé en utilisant les limons provenant des atterrissements, ce qui a permis à la fois de réduire considérablement les coûts des travaux de protection et de trouver une destination à des limons peu valorisables. La digue a ainsi été épaissie sur environ 30m de large et rehaussée sur plus de 2,5m de haut.
Ces travaux ont permis de :
- réduire la superficie effectivement inondée en crue centennale de 145 à 20 hectares
- diminuer la fréquence de l’inondation et les hauteurs d’eau dans les zones restant inondable
› Le déroulement des travaux
De la renouée du japon était présente dans les matériaux extraits du lit utilisés pour les travaux. Un protocole spécifique a donc été utilisé afin de lutter contre la diffusion de cette espèce envahissante.
Lors de la mise en dépôt terrestre, les 80cm de limons fins supérieurs ont été broyés au pulvimixeur afin de blesser les rhizomes de renouée.
Côté Gelon, le terrain a ensuite été bâché pendant deux saisons végétatives, des emplacements tests permettant de vérifier le pourcentage de pourrissement des rhizomes.
A l’issue de ce protocole, 96% des rhizomes avaient pourri. Le site a ensuite été ensemencé.
Un an plus tard en 2014, aucune pousse de renouée n’est présente sur le remblai.
Une variante a été testée côté Isère afin de retrouver un talus ensemencé plus rapidement. Les 80cm ont été broyés au pulvimixeur puis couvert par un feutre lui-même recouvert par 40cm de terre végétale qui a été ensemencée. L’opération a nécessité un travail de suivi et d’arrachage manuel conséquent des pousses de renouée qui malgré ce protocole parvenaient à repartir.
Progression du chantier en aval de la voie ferrée
Progression du chantier entre le pont Royal et la voie ferrée
Entre le pont Royal et la voie ferrée, l’exigüité du site ne permettait pas un épaississement massif tel qu’en aval de la voie ferrée. La surélévation de la digue a été réalisée avec des matériaux spécifiques provenant de carrières.